Le chergui est un vent continental, chaud, violent et sec, venant du Sahara. Il passe au dessus de l’Atlas et redescend complètement asséché sur les plaines côtières du Maroc.
Il y a deux ans, j’ai passé six mois à Tanger. Le dimanche, on faisait les « grosses lessives ». La literie de la semaine séchait en accéléré avec le chergui. Il orchestrait la variation de mouvements des draps et le soleil de midi se chargeait d’en esquisser les contours : une suite de formes oscillantes et abstraites qui s’animaient, en ombres projetées, sur la pierre rouge de ma terrasse. Ça m’évoquait une écriture, celle du vent, avec des pleins et des déliés, à l’alphabet insondable qui faisait écho à celui consonantique de l’arabe, aux caractères étrangers, que je m’exerçais à déchiffrer, articuler et écrire, de droite à gauche, d’un trait maladroit, inversé.
À la manière d’un phonogramme (transcription arbitraire du son sous forme écrite), j’ai défini une série de représentations graphiques à partir d’une série de captures extraites d’une vidéo que j’ai prise recensant les fluctuations de la silhouette d’un de mes draps, étendu un dimanche, jusqu’à ce qu’il soit entièrement sec.


































































